Dans le domaine des maladies inflammatoires de l’intestin (MII), comprendre la relation complexe entre l’alimentation, les graisses, l’inflammation et le microbiome intestinal est une quête permanente. À l’approche des fêtes de fin d’année, il est encore plus essentiel de comprendre l’interaction entre l’alimentation et le système immunitaire de l’intestin. Les docteures Deanna Gibson et Natasha Haskey, dans une présentation portant sur cette interaction complexe, ont mis en lumière certaines des questions clés entourant les choix alimentaires des personnes vivant avec une MII. Nous résumons 8 points clés mais vous pouvez lire l’intégralité de la vidéo.
1. Clarifier le rôle des graisses alimentaires
Balayant l’idée selon laquelle toutes les graisses sont les mêmes, la Dre Gibson a souligné l’importance de comprendre comment différentes graisses interagissent avec le microbiote et influencent la santé de l’hôte. Selon elle, contrairement à l’idée selon laquelle les graisses alimentaires devraient être universellement évitées, la situation est bien plus nuancée. Alors qu’un régime occidental est souvent associé à une alimentation riche en graisses, la tendance émergente du régime cétogène, riche en graisses, a suscité un intérêt. Étonnamment, les résultats préliminaires suggèrent que de tels régimes riches en graisses pourraient réduire l’inflammation, remettant en question les idées reçues.
2. Comprendre la chimie des graisses
En opérant une distinction entre les différents types de graisses, la Dre Gibson explique que ce sont les différences chimiques subtiles qui sont importantes. Les graisses saturées, monoinsaturées et polyinsaturées varient en ce qui concerne le nombre de liaisons chimiques (les doubles liaisons) dans leur structure moléculaire, et ces distinctions influencent considérablement leur impact sur l’inflammation et la physiologie.
Les graisses polyinsaturées, présentes dans les huiles comme l’huile de tournesol, de carthame et de canola possèdent de multiples doubles liaisons et sont associées à des réponses inflammatoires. En revanche, les graisses saturées, comme celles que l’on trouve dans le beurre, n’en n’ont pas, alors que les graisses monoinsaturées n’en n’ont qu’une; ces graisses sont plus saines et peuvent être consommées avec modération. Ces distinctions moléculaires dictent leurs effets physiologiques à grande échelle.
3. Huile de maïs et matière grasse du lait
L’étude financée par Crohn et Colite Canada a comparé les effets de différentes graisses sur l’inflammation. Des souris ont été nourries avec de l’huile de maïs (riche en acides gras non saturés) et la matière grasse du lait (riche en graisses saturées). Les résultats étaient intrigants. L’huile de maïs a indiqué une inflammation et une diminution de la fonction de barrière dans les intestins, tandis que la matière grasse du lait, bien que pro-inflammatoire, a également montré des réponses restitutives, permettant la guérison. Étonnamment, lors de tests sur des modèles de colite, l’huile de maïs et les matières grasses du lait ont toutes deux exacerbé la pathologie. Cependant, la matière grasse du lait a induit des réponses protectrices uniques, offrant un potentiel de guérison. Cela suggère que toutes les graisses n’ont pas le même impact sur la maladie de Crohn et la colite.
4. Le rôle complexe de l’huile de poisson dans la maladie de Crohn et la colite
L’huile de poisson, souvent utilisée comme complément, présente ses propres complexités. Elle semble avoir un potentiel thérapeutique lorsqu’elle est associée à des graisses saturées, mais pas à des graisses polyinsaturées. Cela souligne l’importance des combinaisons alimentaires dans la gestion des MII. Ce qu’il faut retenir en pratique, c’est que l’huile de poisson peut être plus efficace lorsqu’elle est consommée avec du beurre ou de l’huile de coco, et non avec des huiles végétales.
5. Le modèle du régime méditerranéen
Comme l’a mentionné la Dre Gibson, le régime méditerranéen semble prometteur pour la prise en charge des MII. Riche en graisses monoinsaturées, en graisses polyinsaturées oméga-3, en grains entiers, en noix, en graines, en fruits et en légumes, il correspond aux recommandations alimentaires.
6. Le défi de l’étude des régimes alimentaires
L’étude de l’impact de régimes alimentaires spécifiques sur la maladie de Crohn et la colite est complexe. Le régime alimentaire est hautement personnalisé, ce qui complique les essais cliniques à grande échelle. Le contrôle de l’observance alimentaire est également problématique. Les variations régionales des aliments compliquent encore davantage la recherche. Ce qu’il faut retenir, c’est que les choix alimentaires peuvent jouer un rôle essentiel dans la gestion des MII. Même si le chemin vers un régime alimentaire définitif pour les MII est encore en évolution, comprendre l’impact des différentes graisses et faire des choix alimentaires éclairés peut contribuer à améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec une MII.
7. Implications et recommandations
Ce qu’il faut retenir pour les personnes atteintes d’une MII, c’est que les graisses ne doivent pas être entièrement évitées, mais choisies judicieusement. L’huile d’olive extra vierge, les noix, les graines, les olives et les avocats fournissent des graisses bénéfiques. Le poisson gras, deux fois la taille de votre paume deux fois par semaine, offre des oméga-3 essentiels. L’augmentation des repas à base de fruits, de légumes, de grains entiers et végétariens peut améliorer encore davantage la santé intestinale. Il est crucial de personnaliser les choix alimentaires, car la génétique joue également un rôle dans la manière dont l’alimentation interagit avec l’organisme. De plus, même si le régime alimentaire est essentiel, il ne remplace pas les médicaments prescrits dans la prise en charge des MII.
8. Chercher les conseils d’un professionnel
Pour les personnes vivant avec une MII, s’y retrouver dans le paysage alimentaire peut être intimidant. Consulter un professionnel de la santé, notamment un diététiste, peut constituer un accompagnement personnalisé. Ils peuvent aider à adapter les choix alimentaires aux besoins individuels, garantissant à la fois la gestion des symptômes et le bien-être général. En résumé, même si l’alimentation reste un aspect complexe de la prise en charge des MII, les nouvelles recherches et les idées partagées par la Dre Deanna Gibson et Natasha Haskey laissent espérer un meilleur contrôle des symptômes et une meilleure qualité de vie pour les personnes atteintes de MII.